Développement personnel

Ma retraite de méditation en totale immersion (Part 2)

J’ai entamé ce voyage d’une grande part pour apprendre à me connaître, c’est alors dans une démarche introspective que j’ai suivi un stage intensif de méditation Vipassana en Nouvelle Zélande.

En totale isolation pendant 10 jours, j’ai appris une technique qui permet par l’observation de ses propres sensations physiques, de comprendre la nature selon laquelle nous progressons ou régressons, voici ce que cette extraordinaire expérience m’a appris.

Dans un premier article, (ici) je vous explique ce qu’est la technique Vipassana, je vous raconte en détail la première partie de mon expérience, mes premières impressions et ce qui m’a menée à faire ce cours intensif de 10 jours. Voici la deuxième partie de cet article qui en dévoile un peu plus sur la technique elle même, mon expérience au fil des jours et surtout ce que j’en ai finalement retiré.

Vipassana, ou comment tester sa détermination

Après la première phase d’introduction à la méditation par l’observation (Anapana) ayant pour but de calmer l’esprit on peut enfin entamer la réelle pratique de Vipassana, mais alors de quoi s’agit il?

C’est au 4e jour que l’on commence Vipassana, cette technique consiste à observer les sensations sur tout le corps. On passe alors de l’observation ciblée de la respiration à une observation plus large. On commence à ressentir des sensations très intéressantes, subtiles ou plus grossières, agréables et désagréables.

La consigne tant redoutée arrive alors, désormais il va falloir rester immobile pendant une heure entière, cette étape s’appelle : « forte détermination » (cela porte vraiment bien son nom). Malgré l’appréhension, et alors que j’en étais incapable les jours précédents, j’y parviens à ma grande stupéfaction, non sans douleur bien sûr, et je suis agréablement surprise par ma volonté! Les premiers jours sont les plus durs (vraiment durs) car même si il ne s’agit pas d’un exercice physique, le fait de rester immobile est assez éprouvant pour le corps qui n’y est pas habitué. Puis, à force d’entraîner son esprit, on réalise que c’est lui qui maîtrise tout, et peu à peu, le corps se détend, jusqu’au moment où les douleurs paraissent futiles. (Cela peut prendre du temps, il ne faut pas se décourager) C’est assez comique les premiers jours, on peut lire la détresse sur certains visages, et après chaque session, un spectacle de contorsion se joue alors dans le hall et à l’extérieur. Chacun essaie à sa manière, notamment par de multiples étirements, d’évacuer les douleurs et de réveiller le corps endolori afin de se préparer pour le second round. Car oui, les heures s’enchaînent et au final, si on compte bien, il s’agit de 11 heures de méditation par jour (oui, c’est énorme, mais apparemment, la clé pour apprendre et expérimenter, c’est tout simplement la pratique!)

Durant ces premiers jours, j’ai usé de ruses pour faciliter le maintien de la pose, afin de diminuer les sensations désagréables susceptibles de me distraire. J’ai attaché mes cheveux strictement de manière à ne  laisser aucun d’eux me chatouiller, j’ai choisis avec soin les vêtements les plus confortables, qui ne serrent nulle part. Idem pour les sous-vêtements, j’ai carrément décidé de supprimer le soutien-gorge (et je ne fus d’ailleurs pas la seule, au 5e jour, tout le monde semblait conditionné).

Les consignes qui guident la méditation

On apprend tout simplement à apprivoiser et dompter son esprit. On réalise jour après jour que notre corps est conditionné par ce que notre esprit fabrique. Plus on pratique et plus on parvient à contrôler cet esprit si malicieux, plus il semble facile pour notre corps de rester immobile.

L’apprentissage commence par le développement de l’équanimité, on se doit de rester objectif face à toutes ces sensations qui nous traversent, on doit les observer sans les différencier, sans les apprécier ou ni même les détester, mais juste les observer avec objectivité. On s’entraîne à être spectateur et à accepter ces sensations sans aucun jugement.

Cet entraînement, pas toujours facile permet de développer son endurance et sa concentration, et finalement les douleurs comme les sensations agréables finissent par passer. C’est la loi de l’impermanence.

Remise en question continuelle

On arrive à la moitié du séjour, les jours se ressemblent et se suivent, mais chaque jour a son lots de nouvelles questions, de doutes, de découvertes et d’expériences. Les méditations sont elles aussi toujours différentes, parfois ponctuées de sensations mystiques assez puissantes, parfois fades, parfois faciles, parfois éprouvantes ou inutiles (Il m’est arrivé par exemple de passer l’heure entière perdue dans mes pensées et de réaliser au son du gong que je n’avais finalement pas médité (je trouvais cela plus facile car plongée dans mes pensées, je ne me rendais plus compte de la douleur).

Cette expérience précise m’a fait réaliser que c’était finalement ma façon quotidienne de fuir les problèmes, en m’évadant dans ma bulle. Seule avec moi-même, en me confrontant à mes sensations et mon mental, j’ai énormément appris sur moi-même!

Des choses troublantes remontent pendant ces 10 jours, on comprend pourquoi on réagit de certaine manière à travers nos expériences passées qui ressurgissent. On réalise aussi que notre esprit n’est pas toujours un allié, mais parfois plutôt un ennemi qui nous teste et nous pousse à douter.

Durant ce séjour je suis passée par multiples états d’esprit, un jour heureuse et fière de moi, et le lendemain découragée et déprimée, le matin motivée pour faire de mon mieux, et l’après-midi plongée dans l’ennui à rêver de m’évader! Mais les préceptes commencent à rentrer, et tout semble faire peu à peu sens, alors on s’accroche.

Prise de conscience révélatrice

En parallèle de la pratique intensive qui nous permet d’expérimenter les choses concrètement, les discours du soir apportent la théorie qui va de pair et qui aide à comprendre le sens de la démarche.

Les discours m’ont plus fait réfléchir que la pratique en elle-même, j’ai eu besoin de la retranscrire à la réalité de la vie en dehors de la méditation. De la compréhension des idées véhiculées à leur acceptation, j’ai pu nourrir mes réflexions tout au long du séjour et occuper mon esprit lors de mes balades nocturnes (oui j’ai rôdé telle un zombie la nuit dans la forêt lol. Plus sérieusement, après une journée passé assise, le besoin de se dégourdir les jambes avant de passer en mode allongé pour la nuit se justifie… C’est d’ailleurs grâce à cela que j’ai découvert un décor féérique, en effet à la tombée de la nuit, les vers luisants scintillent le long de la balade aménagée et la rendent somptueuse. Si vous vous rendez dans le centre Dhamma Medini, je vous recommande au moins un soir d’aller faire un petit tour avant de rejoindre Morphée ;-))

Les discours de Goenka (et ces 10 jours d’isolation seule face à moi-même) m’ont permis de réfléchir et de m’auto-analyser plus en profondeur.

J’ai ouvert les yeux sur le JE et l’égo, j’ai réalisé que l’être humain (moi y compris) est très égocentrique et que c’est ce qui le rend malheureux. En effet, on attend toujours quelque chose, même lorsqu’on pense rendre service, on attend de la gratitude ou de la reconnaissance en retour, et si on ne l’obtient pas, on reste insatisfait.

J’ai réalisé aussi à quel point l’attachement est néfaste car si l’objet, la personne ou la sensation à laquelle on s’est attachée disparaît, on s’effondre, hors c’est ce qui arrive à chaque fois car rien est éternel dans la vie!

Et enfin j’ai pris conscience que l’envie et l’espoir sont source de malheur : en effet, nous sommes pour la plupart d’éternels insatisfaits, ce sentiment négatif accroit la frustration et la souffrance qui l’accompagnent.

On comprend alors que nous sommes les seuls responsables de tout cela, c’est notre addiction au désir ; qui nous tire continuellement vers le bas, on aime désirer, on veut quelque chose et quand on l’a obtenu, on veut autre chose, et ainsi de suite… Il faut donc éradiquer le problème à la source et arrêter de désirer des choses!

Il faut savoir savourer ce que la vie nous donne et accepter les choses telles qu’elles sont réellement!

« Plus je désire et moins je me sens libre, donc quand je constate tout ce que j’ai déjà, ceci est assez pour moi, c’est finalement tout ce dont j’ai besoin ! »

Traduction d’une chanson découverte en Australie que j’aime beaucoup « pyramide building » by Hiltop Hoods.

Peu à peu, on accepte que tout soit éphémère, que les choses sont faites pour passer, tout est en perpétuel changement, et il n’y a rien d’autre à faire que de l’accepter.

La plupart des concepts enseignés sont des idées auxquelles j’avais déjà réfléchi ou dont j’avais entendu parler, et que je pensais avoir déjà comprises, mais les expérimenter concrètement m’a permis de vraiment les assimiler et d’entamer le reformatage. C’est ce que cette technique permet à force de pratique : de reformater l’esprit.

Les premiers bienfaits

Cette technique permet de comprendre notre manière de créer de la souffrance pour nous-mêmes et autour de nous et nous en libérer. (et croyez-moi, ça marche, le chemin est long, mais ces 10 jours en donnent un bel aperçu)

On se libère peu à peu du désir (qui rend malheureux de jalousie et d’envie), on laisse venir les choses à nous telles qu’elles sont, nos exigences se dissipent, et on accepte la réalité sans résistance.

On apprend à apprécier les choses pour ce qu’elles sont lorsqu’elles sont présentes sans attentes précises et ni attachement, on évite ainsi frustration et désenchantement.

A force de se concentrer sur ses sensations, d’essayer de vivre l’instant présent sans avoir l’opportunité de se distraire et de communiquer, les sens olfactifs semblent se développer. On perçoit tout ce qui nous entoure avec plus de subtilité.

J’ai durant ce séjour pris le temps de manger en savourant chaque bouchée, en percevant chaque saveur, j’ai pris le temps d’écouter et d’observer la nature (c’est incroyable, mais malgré le fait que la balade dans le parc soit super courte et en l’ayant parcourue 100 fois en long, en large et en travers de jour comme de nuit, je fus surprise de remarquer de nouvelles choses à chaque passage, la nature est fascinante).

J’ai pu ressentir des sensations dans mon corps au quotidien, des sensations banales auxquelles je n’avais jamais prêté attention auparavant.

Bref, cette expérience permet de s’ouvrir et d’être plus réceptif à tout ce qui nous entoure, c’est une formation parfaite pour apprendre à vivre dans le présent en étant pleinement là et à l’écoute de soi et du monde qui nous entoure.

La libération du vœu de silence

Le dernier jour arrive enfin, et alors qu’on en rêvait, on a la soudaine sensation que le temps est passé trop vite! A la suite de la méditation du matin, on nous libère du vœu de silence!

Je me sens tout à coup effrayée de devoir de nouveau parler, de retourner dans le monde social, j’ai du mal à quitter le hall de méditation pour me jeter dans le brouhaha.

J’ai peur de confronter mon esprit à tant d’agitation. J’ai peur de l’exposer de nouveau au risque du mensonge, de l’exagération, du jugement et du paraître.

Je me lance enfin, et finalement, j’apprécie cette libération. C’est à la fois plaisant et étrange de pouvoir enfin mettre une voix sur ces visages familiers côtoyés dans le silence et l’ignorance pendant 10 jours.

Toute l’atmosphère du centre change tout à coup, tout le monde semble heureux. Après plus d’une semaine d’airs maussades, de regards vides et de nonchalance, les gens sourient enfin! Alors qu’ils semblaient tous malades la veille, ils semblent enfin en vie et rayonnants.

Je me prends finalement rapidement au jeu de la parole, je retrouve sans tarder mes vieux démons du bavardage.

C’est très enrichissant de pouvoir échanger à chaud sur son expérience  avec des gens qui viennent de vivre la même chose.

Mais la parole et dangereuse, je réalise qu’on ne peut s’empêcher de jouer un jeu social, on ne ment pas, mais on n’est pas aussi transparent que lorsqu’on est seul avec soi-même, et on ne peut s’empêcher de juger, d’envier ou de rejeter les idées des autres, d’essayer de se valoriser ou de se faire apprécier en embellissant les choses. Cette prise de conscience me donne l’envie de faire très attention à mes actes et surtout à mes paroles à l’avenir.

La journée continue, d’autres méditations suivent, mais elles sont dures car notre esprit est désormais très agité, je comprends alors pourquoi ce vœu de silence est si important pour l’apprentissage de cette technique.

Cela offre à l’esprit de parfaites conditions qui lui permettent de se calmer, de penser par lui-même sans subir aucune influence extérieure. Chacun est alors son propre maître pendant ces 10 jours et s’autorise à vivre cette expérience à sa manière, sans la pression de devoir des comptes à quiconque à part soi-même.

Bilan positif dès la sortie

Le fait d’être en immersion pendant 10 jours donne vraiment la chance de comprendre la technique et d’en goûter les bienfaits, même s’il s’agit d’un petit pas sur la voie, ce fut pour ma part un grand pas! Ce stage est une mise en route, une aide de démarrage pour accéder concrètement au bonheur et à la paix intérieure.

Ce fut l’une de mes expériences spirituelles les plus enrichissantes jusqu’ici, je ne regrette vraiment pas de m’être lancé ce défi, en 10 jours, j’ai appris énormément sur moi-même et j’ai fait un grand pas dans mon développement personnel.

Dès la sortie, je me sens déjà plus détendue et heureuse. J’ai la sensation de renaître plus ancrée en moi-même, plus ouverte aux autres et à ce qui m’entoure.

Je suis contente d’avoir entamé ce voyage et d’avoir découvert des outils pour dompter mon esprit, mon inconscient et mon subconscient afin de me détacher de mes souffrances et atteindre un équilibre après lequel je cours depuis toujours.

Cet enseignement me permet également de propager le bien autour de moi, (je ne veux plus atteindre mon entourage avec mes propres souffrances), et surtout j’ai l’envie profonde d’aider les gens et de leur envoyer de l’amour et de la positivité.  (non, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas encore un être illuminé qui pense que le monde n’est qu’amour et paix, mes pieds sont encore bien sur terre, j’apprends juste à accepter la réalité en restant positive quoi qu’il arrive).

J’ai l’envie d’essayer de maintenir une pratique régulière de méditation et j’envisage de faire un second stage de 10 jours (dans un autre pays et d’ici quelques temps).

Mais surtout, afin de montrer ma gratitude envers la chance qui m’a été offerte, je compte offrir mon aide à un des centres en tant que volontaire, afin de servir de nouveaux étudiants (peut-être vous, qui sait?).

Le bilan un mois après

Je n’ai pas continué la méditation Vipassana depuis la fin de ce stage, mais j’essaie d’appliquer cette philosophie de vie dans mon quotidien en continuant de réfléchir et de nourrir ma sagesse avec ces concepts puissants.

J’ai recommencé la méditation sous une autre forme il y a quelques jours car j’ai senti que je perdais peu à peu les bienfaits (on oublie vite ses bonnes résolutions lorsqu’on retourne dans sa vie) et même sans pratiquer la technique exacte de Vipassana, j’ai ressenti les bienfaits dès la reprise de la méditation. Elle m’aide à me recentrer, à me ré-ancrer dans la réalité, et avec objectivité, à me remettre moi et mon esprit sur le droit chemin.

Même si la vie est active et que je ne trouve pas le temps de méditer, je parviens toujours pour ma paix intérieure à me reconnecter avec moi-même lorsque j’en ressens le besoin.

Cette expérience m’apporte aujourd’hui énormément dans la vie de tous les jours. J’ai la sensation d’avoir déjà éliminé certain de mes schémas néfastes de fonctionnement, notamment dans mes relations aux autres. Tout me semble plus facile, je suis moins dans le conflit car j’accepte beaucoup plus de choses. Je suis bien plus tolérante, je réussis plus facilement à mettre de côté mon égo.

Je me sens plus heureuse, moins frustrée, et je pense que mon entourage le ressent également.

Vipassana

A vous de jouer !

Il faut arrêter de courir après un idéal, de rêver d’un futur parfait, la vie n’est pas faite pour être parfaite, elle est faite pour être vibrante avec ses bonnes et mauvaises expériences! Soyez heureux, là, dans le présent, avec ce qui vous est donné, savourez de vivre tout simplement!

Je recommande cette expérience à tout le monde. Je ne dis pas qu’elle est facile, mais elle en vaut la peine! Néophyte ou ayant déjà pratiqué la méditation, peu importe, toute personne sincère est la bienvenue à un stage Vipassana.

Pour apprendre cette technique, vous devez absolument commencer par suive un de ces stages de 10 jours dans un des centres référencés (lien ci-dessous). Si vous êtes tenté, foncez alors avec détermination!

Et surtout, vivez votre propre expérience, n’oubliez pas que ce récit n’est que le reflet de mon expérience, utilisez-le pour vous convaincre d’essayer, mais ne vous laissez pas influencer, chacun est différent.

Les progrès arrivent avec le temps, travaillez dur, mais ne soyez pas intransigeant avec vous-même, et ne vous sentez jamais découragé. Pour tous ceux qui en font l’essai, Vipassana s’avère être un outil inestimable pour grandir, atteindre le bonheur et le partager avec les autres.

Peace & love

Conseils et liens pratiques


Site officiel Vipassana :
www.dhamma.org

Définition complète Vipassana :
Dhamma.about/vipassana

Le centre de Nouvelle zélande:
Dhamma. Medini

Centres en France :
Dhamma.France

Cours et inscription:
Dhamma.courses

Inscription en avance recommandées (surtout pour les femmes)

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