Bien être

Et si l’alcool n’était plus à la mode

fin de soirée

Je vous explique ici comment et pourquoi j’ai eu ce besoin de diminuer voire stopper complétement ma consommation d’alcool. Je ne suis et n’ai jamais été alcoolique, juste vécu une jeunesse dévergondée à profiter de la vie et de la nuit. J’ai des souvenirs impérissables de mes soirées alcoolisées avec mes potes depuis mes 15ans, des moments incroyablement fun et loufoques qui nous ont unis et nous rendent encore parfois nostalgiques. Je ne changerais ce passé pour rien au monde. Je ne regrette absolument pas cette période de ma vie, bien au contraire!  Mais une prise de conscience m’a peu à peu fait me questionner sur tout cela.

Aujourd’hui je réalise que je n’ai plus besoin d’alcool pour passer des bons moments, et qu’au fond je ne m’y retrouve absolument plus. J’ai la sensation d’avoir changé, et je me sens déconnectée lors de réceptions alcoolisées où pourtant je me sentais avant comme un poisson dans sa boisson… ancienne fêtarde j’ai passé beaucoup de nuits blanches, de soirées mémorables certes, mais aussi beaucoup de soirées déplorables, et ce n’est clairement plus ce que je recherche.

Réalisation à contre courant

Ce cheminement d’éloignement à l’alcool fut un long processus qui engendra en moi tout un tas de questionnements et de doutes. Sans réelle prise de décision, peu à peu je n’ai plus eu spécialement envie de boire en soirée, me laissant embarquer dans ce tourbillon malgré moi, pour me sentir comme tout le monde, sans franchement passer de bons moments. Les lendemains étaient de plus en plus douloureux, non pas physiquement comme on a tendance à le dire avec l’âge, mais plutôt émotionnellement.

Cela m’a alors pas mal torturé, je voulais diminuer, essayer de boire avec modération, mais il m’était difficile de maitriser ma consommation en société.

Un verre en appelait nécessairement un autre, afin de maintenir cette euphorie fébrile. Dans l’excitation, et poussée par l’énergie de groupe et les vieilles habitudes, je dépassais souvent l’état pompette pour plonger dans l’ivresse.

Avec le temps je me suis mise à déprécier le goût de l’alcool et ses effets, c’est sûrement ce qui m’a aidé à soutenir ma prise de conscience. Pour continuer à sociabiliser, à participer aux soirées, j’ai commencé par entrer dans le contrôle, par boire beaucoup plus d’eau entre mes verres, par me servir de plus petites doses. J’ai ainsi modéré ma consommation d’alcool tout en gardant systématiquement un verre à la main (je crois que comme la cigarette, j’étais assez addict au geste).

Cela a fonctionné, mise à part quelques écarts qui m’ont valu déprime et culpabilité, j’ai réussi à contrôler ma consommation d’alcool. J’étais assez fière. Cela a par contre considérablement changé mes soirées. En effet je me suis peu à peu sentie déconnectée. Il faut l’avouer une soirée sans alcool est complétement différente. J’ai constaté qu’à un certain point, les discussions m’ennuient car elles deviennent vides de sens, que tout à coup je n’arrive plus à rentrer dans certains délires, puis surtout que je fatigue bien plus vite. Moi qu’on surnommait l’insomniaque, qui une fois alcoolisée ne voulais jamais que ça s’arrête, aujourd’hui quand je suis fatiguée, si je ne m’endors pas dans un coin… je rentre, je n’insiste pas !

Ce fut très difficile pour moi de faire face à ce changement et à cette prise de conscience. Je me suis sentie dans des environnements que j’avais pourtant l’habitude de fréquenter, comme une intrus. Je me suis vue peu à peu m’exclure de ce monde de la nuit. J’ai perdu mes titres d’ivresses. Je me suis jugée vieille, de moins en moins fun. J’ai même eu l’impression de rater des choses, des moments. Il n’est pas facile dans un pays comme la France où l’alcool est culturel de ne pas se sentir exclu ou en décalage lorsqu’on arrête de boire. Malgré cette difficulté je sais au fond de moi que c’est le bon chemin que j’emprunte, et la nouvelle perspective qu’il m’offre me plait beaucoup.

Prise de conscience personnelle

J’ai pendant très longtemps adoré l’alcool et adoré l’ivresse. J’ai adoré les soirées jusqu’à pas d’heures, les cuites mémorables. Aujourd’hui ce n’est plus vraiment ce qui m’attire. J’ai en fait la sensation que ça m’éloigne de moi-même et encore plus des autres.

ivre

Dans une démarche de développement personnel constante et évolutive par le biais de mes voyages, du yoga, de la méditation et des nombreuses expériences de la vie, j’ai le besoin d’être lucide et totalement consciente à tout moment. L’alcool de manière sournoise tel une drogue douce me freine dans mon apprentissage, dans mon introspection, dans mes projets. Elle me rend déprimée après coup, m’empêche de m’épanouir pleinement, d’être productive et heureuse. Au fond elle m’empêche de prendre soin de moi et de mon corps comme je m’accorde à le faire.

J’ai envie de vivre ma vie pleinement, d’en savourer chaque seconde. Je n’apprécie plus et trouve finalement dommage de m’engourdir le cerveau, de diminuer et fausser mes perceptions.

Je veux vivre mes soirées, mes rencontres, mes discutions, mes échanges, en étant là avec toute ma tête, tout mon corps, toutes mes émotions. Je veux mémoriser tous ces moments partagés et les ressentir en pleine conscience, je veux être capable de m’en imprégner et de m’en souvenir.

L’alcool est une façon de se cacher, de dissimuler son mal-être et de l’oublier. L’alcool permet le lâcher-prise dont on a tant besoin de manière rapide et efficace il est vrai, mais ce n’est qu’un leurre. J’ai besoin d’affronter mes démons pour les faire disparaître plutôt que de les endormir tous les weekend.
Je trouve plus intéressant de travailler à développer son bien être et son estime de soi sur du long terme, plutôt que de le simuler. Lorsqu’on se sent bien dans son corps, dans sa vie et dans sa tête, on ressent moins le besoin de se droguer ou de se saouler. Je préfère travailler sur ma présence au monde qui m’entoure, aux autres à moi-même plutôt que m’en éloigner à l’aide d’une substance quelconque.

J’ai l’envie de sortir de ma timidité, de me désinhiber, de m’autoriser à être moi-même sans avoir peur du ridicule, oser m’affirmer et m’affranchir sans avoir besoin de rien ! Tous ces blocages sont en nous, et ce n’est pas sous anesthésiants que l’on peut vraiment les combattre.

S’amuser sans s’alcooliser

Je préfère tellement ma vie depuis que je ne prend plus de cuite. J’arrive désormais à lâcher prise complétement, en travaillant ma confiance en moi, mon amour propre, et grâce à d’autres méthodes comme la relaxation, le jeu, la méditation, ou encore le sexe… Je trouve les moments sans alcool bien plus riches et authentiques, et je réalise que je n’ai plus besoin d’alcool ou d’autres choses pour être moi même et pour m’amuser.

Après la période Rock, alcool sexe and drogue nous voici à l’ère du Mantra, mocktail, tantra and yoga, une vie plus saine mais pas dénuée de sens ou de fun, au contraire. Il s’agit en effet d’une tendance à contre courant qui bouscule les codes des loisirs et de la fête, mais qui se développe de plus en plus sous le non de « clean party ». S’enivrer n’a plus la cote. On chasse les degrés et on garde la santé et la dignité !

clean party

Loin d’être moralisateur, ce concept peut aussi être une autre manière de faire la fête, sans souffrir des lendemains difficiles. Je me suis alors intéressée à ces mouvements, j’ai élargi mes cercles de fréquentations peu à peu pour me tourner vers des gens qui comme moi ont besoin de plus de sens et d’authenticité. Je peux vous assurer que l’alcool n’est pas un ingrédient indispensable à la convivialité, et que l’ambiance, le rire, la folie et le fun sont bien au rendez-vous.

C’est encore un choix difficile à faire comprendre, j’essuie pas mal de jugements et de remarques, je me sens parfois en décalage avec certain de mes amis.

Heureusement cela se démocratise, la tendance « healthy » engendre des nouvelles générations de gens qui ne boivent pas ou peu et l’assument parfaitement. Cette mouvance fait naître doucement dans les bars des cartes sans alcool de plus en plus travaillées, avec des mocktails, des bières et vin sans alcool. D’autres styles de festivités accompagnent ce nouveau mouvement de teetotalisme, comme des festivals sans alcool, ou encore des expériences en conscience telles les ecstatic dance (soirée de danse intuitive et connectée). Des événements qui amènent des connections plus profondes et durables, des discussions, des fous rires et des souvenirs bien plus transcendants.

Boire avec modération et en pleine conscience

Je n’ai pas l’envie de m’exclure par cette modération. Ne plus fumer ne m’empêche pas d’être entourée de fumeurs et de continuer à faire partie des soirées (lire l’article pour arréter de fumer). Il est important pour moi de laisser les autres boire et juste réadapter ma propre façon d’apprécier ces moments festifs sans jugement.

Il y a une différence entre boire pour s’enivrer, et apprécier les arômes d’un bon vin en mangeant. Je bois encore de temps en temps, je bois pour le plaisir, pour le goût, plus du tout pour l’ivresse, même si parfois je me laisse encore emporter je l’avoue, je ne dépasse jamais plus mes limites.

Je pense parfois à complétement arrêter, car je suis quelqu’un d’excessif, pour moi c’est tout ou rien, j’ai du mal dans certaines circonstances à me modérer sans effort. Comme la cigarette, j’ai essayé de diminuer mais en fait je me sens beaucoup mieux depuis que j’ai totalement arrêté, tout est plus simple. Je ne suis pas encore prête et décidée à stopper radicalement. Je laisse les choses se faire naturellement, c’est un chemin de déconstruction qui prend du temps, mais aujourd’hui je suis certaine que c’est le bon. Depuis ce déclic et cette modération je me sens plus en phase avec moi-même, plus respectueuse de mon propre corps et de mon psychique.

Free & sobre

Lectures

« Maitriser sa consommation d’alcool »
Allen Carr
« se libérer du connu » Krishnamurti

Festival

L’arbre qui marche
Le rêve de l’aborigène
Rainbow gathering
Dharma Techno
Le mantra fest
Nomadidg
Dragon fest
Buddhafield (angleterre)

Ne trouvant pas de soirée adaptée à mes nouvelles aspirations, j’ai alors décidé de monter un collectif sur Lyon pour propager cette mouvance et proposer des événements festifs, sobres et créatifs. Nous avons alors organisé notre premier jour de l’an en conscience sans alcool ni substance, et vu le succès de celui-ci nous espérons pouvoir développer plus largement le concept à d’autres types de soirées. Nous avons également lancé des Ecstatic dance lyonnaises, bref restez connectés si vous êtes intéressés.

4 comments

  1. Hello Anaïs,
    J’ai eu une impression bizarre en lisant ton article…
    Me reconnaitre.
    J’aurais pu écrire 99% de tes mots. Surtout avec l’impression d’être décalé en soirée.
    Avec l’âge et le développement personnel, le plaisir n’y ai plus vraiment. Passé de beaucoup trop de verres par semaine, je suis dorénavant à quelques verres par mois et franchement, ça fait du bien.
    L’alcool reste une drogue. Légale, accessible et acceptée par la société. Mais ça reste une drogue qui peut avoir des effets dévastateurs.
    Pas encore testé l’ecstatic dance, beaucoup de mal avec le « lâcher prise », mais who knows, peut-être pour 2020
    Merci de l’article !

    1. Ça tombe bien comme tu viens t’installer à Lyon on vas pouvoir en discuter et partager des soirées en conscience 😉

  2. Très intéressant ton post, comme Mickaël, je me suis reconnue sur beaucoup de point.
    Contrairement à toi et avec l’âge, j’ai mis des années à reconnaitre que j’étais alcoolique.
    Au début dans ma jeunesse c’était surtout pour lever les inhibitions, occasionnellement. Puis vers la quarantaine avec les aléas de la vie c’est devenu une habitude festive les week end et au fil de mes relations amoureuses toujours basées sur la consommation d’alcool c’est devenu quotidien.
    Certes jamais d’alcool fort mais tout « simplement » du vin ou du champagne. J’ai mis une vingtaine d’année à réaliser que je me faisais « avoir » par des amis qui eux mêmes étaient alcooliques, que ces relations étaient malsaines et délétères pour ma santé et mon bien être.
    C’est pour cette raison que timidement depuis 5 ans, je me suis tournée vers des activités sportives et surtout le Yoga qui m’a aidé à cette prise de conscience.
    Depuis cette époque j’ai fait le choix de la tolérance zéro car comme toi je suis excessive et c’est un peu tout ou rien.
    J’ai fait de même avec la cigarette qui va forcement de pair avec l’alcool, mais j’ai arreté plus tôt (12 ans). Je me sens libre, en meilleure forme, même si je sais que j’ai sérieusement entamé mon capital santé.

    1. Merci Frederique pour ce partage! C’est incroyable, je n’aurais jamais cru qu’on puisse avoir cela en commun! Si tu as entamé ton capital santé ça ne se voit absolument pas aujourd’hui 😉

      En tout cas je me reconnais aussi beaucoup dans ce que tu écris, autant pour la cigarette que l’alcool. C’est loin derrière moi aujourd’hui, mais ce fut long pour m’en sortir et j’apprécie beaucoup plus ma vie et les relations que je construit aujourd’hui sans cette béquille sociale.

      Merci le Yoga sans quoi ça m’aurait je pense pris bien plus de temps.

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