Voyage intérieur

Et si le goût du voyage n’était qu’un héritage

Je me demande parfois dans quelle mesure, notre environnement familial peut influencer le chemin de vie que l’on prend! Au-delà de la génétique et de nos caractéristiques physiques, je suis convaincue que notre famille nous transmet bien plus.

Elevée par des parents eux-mêmes baroudeurs, je me questionne alors sur ce goût du voyage qui raisonne en moi depuis toute jeune. Ne serait-ce pas là, le fruit d’un patrimoine familial particulier ?

J’ai participé à un article collaboratif sur ce même thème que je vous invite à consulter sur le blog La fille de l’encre. Cet article rassemble les témoignages de plusieurs blogueurs voyageurs sur leur enfance et comment le goût du voyage leur est apparu. Vous trouverez des récits et avis différents sur la question. En résonance, j’ai alors voulu approfondir la réflexion en rapport à ma propre expérience personnelle, en voici le fruit.

Pour faire court (si vous n’avez pas lu mon témoignage dans l’article collaboratif):

Mes parents ont toujours voyagé, avant même de se rencontrer. Lorsqu’ils se sont trouvés ils ont eu l’idée folle de construire un voilier, je suis née à ce moment-là. J’ai alors vécu dès ma naissance une vie plutôt marginale. Ils sont ensuite partis sur les flots en famille, et j’ai alors commencé mon existence en voyageant jusqu’à mes 2 ans! 

Environnement familial et transmission

Même si je ne me souviens plus des premières années de ma vie, j’ai la sensation qu’elles m’influencent encore aujourd’hui. En effet, j’ai depuis toujours en moi une sensation de bien-être intense lorsque je me retrouve face à la mer. Comme si ces années en voilier avaient inscrit en moi un lien fort avec cet élément naturel. J’ai également des souvenirs de paysages exotiques qui me paraissent complètement familiers.

Ce que nous vivons durant notre enfance, à notre naissance, et même avant, influence la personne que nous devenons. Ce que vivent nos parents, notamment notre mère durant sa grossesse impacte également notre vie, sans qu’on le sache réellement.

L’héritage que nous lèguent nos parents ne serait finalement pas que génétique. Il influe également suivant l’environnement dans lequel eux-mêmes ont évolué et nous ont éduqué. 

Comme l’explique l’étude sur l’épigénétique, nous sommes tous des produits de notre environnement. Notre mode de vie, notre nourriture, notre histoire nous influencent, mais influencent également notre progéniture. 

On peut en conclure que l’on hérite non seulement des traits physiques de nos ancêtres, mais aussi des caractéristiques psychologiques, qui nous pousseraient à reproduire les mêmes comportements.

Une fois que mes parents sont revenus de deux ans de navigation, ils se sont séparés et j’ai ensuite grandi avec l’absence d’un père toujours parti aux quatre coins du monde, et une mère aimante sournoisement frustrée de ne plus voyager autant.

Aujourd’hui, bien que j’ai mis le temps à franchir le pas, je suis une véritable droguée du voyage, et une éternelle paniquée de la routine et de la vie rangée que je fuis inconsciemment!

Mais alors mes parents m’auraient ils transmis leur goût du voyage, leur vision de la vie si différente, ainsi que leurs peurs?

Libéré ou formaté

On pense que nos gênes seraient marquées, voire imprégnés des événements familiaux passés, et cela aussi bien dans le sens positif que négatif. En effet, nos parents nous transmettent leurs valeurs, leurs forces, mais aussi leurs peurs et leurs traumatismes.

On dit souvent que le voyage peut être une sorte de fuite, de rejet… Mais que rejette-t-on? Il s’agit souvent de peurs, et comme on le sait, la plupart des peurs ne sont dues qu’à des croyances limitantes (sûrement enracinées depuis l’enfance).

Mais alors la question se pose de savoir si on est réellement en train de suivre nos propres rêves d’aventure, ou simplement en train de reproduire le schéma que nos parents nous ont légué, afin de fuir ces mêmes peurs qu’ils nous ont involontairement transmises.


En plus du patrimoine familial dont on subit les influences, il y a également l’éducation qui entre en jeu. On se construit à travers ce qu’on nous enseigne, à la maison, mais aussi à l’école. J’ai pendant un temps rejeté l’aspect anticonformiste de mon modèle familial, pour m’intégrer parfaitement à celui de la société. J’ai ensuite fait de cette différence une force, dont je suis fière!

Étrangement, j’ai la sensation depuis toute jeune que le monde m’attend, je n’ai jamais reproché à mon père de partir, mais au fond plutôt regretté qu’il ne m’emmène pas avec lui. J’ai pendant longtemps vu mon père comme un héros aventurier qui n’a peur de rien. Et j’ai finalement reproduit ce schéma, pour rendre mes parents tout aussi fiers de moi (ce qui a d’ailleurs fonctionné).

Modèle et son contraire

Il y a des récits qui montrent l’inverse. Parmi vous certains se disent peut-être qu’ils ont au contraire pris un chemin opposé de celui de leurs parents.

J’en connais en effet quelques-uns, pour certain, il s’agit même d’un rejet complet du modèle familial qui les a vu grandir.

Dans ce cas, sans m’avancer trop, j’aurais tendance à penser à la piste de la transmission inconsciente, ce qui pourrait expliquer que l’on ait la sensation de suivre le schéma opposé de nos parents, alors qu’on vit finalement le rêve enfoui de ceux-ci! Comme s’ils nous avaient poussés à prendre la voie qu’eux-mêmes ont loupée avec regret.

Certaines exceptions ne rentrent évidemment pas dans mes descriptions, je ne les dénigre pas mais je m’intéresse ici à ceux qui suivent le modèle de leur famille, parce que je l’observe beaucoup dans mes cercles et en suis moi-même une parfaite illustration.

Je constate que la plupart des gens, à la trentaine se retrouvent embarqués dans un modèle de vie plutôt similaire à celui de leurs parents au mêmes ages. Souvent, eux-mêmes ne s’en rendent absolument pas compte. Car évidemment, il y a des différences, mais globalement d’un point de vue extérieur, c’est souvent assez flagrant. Observez autour de vous, vous allez voir.

Mais alors si on suit le modèle de ses parents, cela veut-il dire que l’on va finir comme eux? Bien que je sois très fière d’eux et de leur parcours, je ne suis pas sûre au fond, que ce soit ce que moi je veux réellement!

S’approprier ce bagage générationnel

Heureusement, nous ne sommes pas prisonniers de ces croyances limitantes qui nous guident. Nous ne sommes pas obligés de retranscrire ou au contraire d’essayer de rejeter ce modèle familial qui nous fascine ou nous rebute.

Nous naissons tous avec un bagage que l’on nous a transmis, et nous avons toute une vie pour expérimenter, évoluer, apprendre et trouver notre propre chemin de vie et enfin devenir entièrement nous-même, sage et épanouie.

Rien n’est permanent ou immuable, je crois au destin, mais je sais aussi que c’est par nos actions et nos croyances qu’il se dessine.

Chacun est maître de sa vie! Si vous avez envie de prendre que le meilleur de l’héritage de vos parents cela ne tient qu’à vous!

Je suis fière et heureuse aujourd’hui d’avoir reçu en héritage ce goût du voyage, mais je vais par mes propres expériences et erreurs dessiner mon propre pèlerinage. Et parce que je m’efforce d’être un peu plus moi-même de jour en jour, mon odyssée ne me mènera probablement pas au même destin.

Et vous pensez-vous avoir reçu votre goût du voyage en héritage?

Pensez-vous être en train de suivre en quelque sorte le même chemin que vos parents?

Votre éducation et votre environnement familial ont-ils influencés vos choix de vie?

A consulter

Livre

« Aïe, mes aïeux ! » Anne-A.Schützenberger 

Article

Témoignages d’autres voyageurs « la fille del’encre » 

Anaïs Guyon

Auteur : Anaïs Guyon

Enseignante de Yoga

J’accompagne les yogis sur leur chemin de transformation ✨ Cours en ligne ✨ Cours à Lyon ✨ Retraite de yoga

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4 comments

  1. Très bel article. Et quelle classe cette première photo!!
    J'ai un peu cette impression d'héritage également… Mon grand père était parti travailler en argentine dans sa jeunesse et me faisait rêver avec ses récits de pays lointain. Quand à mes parents ils m'ont (et nous ont car on est 4 gamins en tout!) baroudés à travers l'Europe et la France en voiture à faire du camping sauvage à droite à gauche… puis lorsque l'on a déménagé dans l'est, on est devenus plus sédentaires, ils ont divorcés et voilà. Quand à moi, j'ai en quelque sorte continué et fait poussé cette graine du voyage qu'ils ont semé en moi, et désormais cela fait plus de deux ans que je vis à droite à gauche et continue d'explorer et compte trouver un voilier avec mon compagnon… pour continuer de plus belle! Donc oui je pense bien qu'il y a une sorte d'héritage de mon côté, et mes deux parents ne cessent de me dire que j'ai bien raison de vivre ainsi (on sent que ça leur aurait bien plu 😉 )
    Anyway je vais continuer à lire un peu ton blog, que je découvre. Cheers, Rory

  2. Merci beaucoup pour ton témoignage Rory, c'est passionnant! j'adore lire les retours et perceptions des autres via leurs propres expériences!!!!
    Géniale pour l'aventure voilier, foncez ce sera une extraordinaire aventure!!! je compte écrire à ce sujet car j'ai eu la chance de faire quelques traversées, c'est magique 🙂
    Bon voyage à vous! à bientot sur la toile, ou peut-être dans le monde ou à la voile 😉

  3. Très belle article, j'aime beaucoup la première photo ! Mes parents aussi ont toujours beaucoup voyagé, surtout mon père, depuis toute petite j'ai donc pu les suivre, ici et ailleurs et j'ai donc toujours eu ce goût du voyage et de la liberté que cela engendre ! Depuis que je suis maman, je continu de voyager. Ça ne m'a jamais fait peur de parcourir la Thaïlande ou les Etats unis ou même la France avec eux, c'est malheureux mais certaines personnes arrêtent de voyager en devenant parents, c'est pourtant tellement enrichissant !

  4. Merci pour ce commentaire je n'ai pas encore d'enfant (je ne sais pas encore si j'en veux) mais une chose est sûre c'est que le jour où j'en aurais je continuerai de voyager en m'inspirant de gens comme nos parents ou comme toi 😉

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