Voyage intérieur

L’eau est elle vraiment plus bleue ailleurs ?

Face à la tendance grandissante de l’expatriation, l’intérêt pour le voyage en pleine expansion, et l’invasion de site, groupe facebook et blog à ce sujet, il serait légitime de penser que peut-être la vie est en effet, plus belle à l’étranger.

Au fond, serait-ce la vie qui est plus douce, ou notre personnalité qui est plus ouverte et tolérante lorsqu’on voyage? L’eau ne nous paraîtrait elle pas plus bleue, simplement parce que notre regard est plus curieux et objectif hors de notre zone de confort?

En tant que nomade et chroniqueuse voyage, j’ai la sensation de communiquer parfois sur le fait que ma vie est plus intense à l’étranger. En effet, c’est en retournant dans mon propre pays que je me suis fait cette réflexion, j’ai entendu des choses du genre « tu fais rêver toi avec ta vie » ou « pourquoi tu es revenue? » ou encore « ça va, pas trop dur le retour, l’Australie ne te manque pas trop? ».

Alors oui, le retour fut dur. Le voyage me manque. Parfois je regrette certains aspects de ma vie à l’autre bout du monde! Mais ne serait-ce pas simplement par nostalgie, par peur de tout recommencer à nouveau, ou par manque de cette énergie optimiste développée en voyage?

Douce France

Malgré la beauté de notre cher Pays, un nouveau syndrome de notre société est né, celui d’avoir besoin de vivre ailleurs! La vie d’expatrié fait rêver, le voyage semble être une chance! Et certains Français finissent par dénigrer complètement leur propre pays, certains deviennent même très critiques envers leur mère-patrie.

Paradoxalement, alors qu’énormément de Français la fuient, nombreux sont les étrangers qui rêveraient de vivre en France… mais alors pourquoi voit on toujours l’herbe plus verte chez le voisin?

Certes il y a des choses qui me dérangent en France (comme partout) mais à y regarder de plus près, c’est quand même un pays où la vie est plutôt agréable.
Je pense qu’on est chanceux d’être Français, de bénéficier d’un confort de vie plutôt facile, et d’avoir en plus le privilège de pouvoir voyager facilement.
Il faut l’avouer, en termes d’excursion et de voyage, il n’y a pas besoin de partir très loin pour être dépaysé et vivre de belles expériences, le France est riche de paysages variés, et est sacrément bien placée, au centre de l’Europe.

Je pense que tout dépend de notre point de vue et de notre état d’esprit. Depuis mon retour, je m’émerveille de la beauté de notre magnifique France! Je jouis de notre culture (de notre bouffe surtout). Je réalise que finalement, je ne connais que très peu mon propre pays, qu’il regorge de beauté et de culture dont je n’ai même pas idée!

Malgré la soi-disant crise, je constate qu’énormément d’opportunités s’offrent à moi sur un beau plateau depuis que je suis rentrée! Alors finalement la vie en France est différente, mais n’est elle pas moins excitante, simplement parce qu’on l’a rend telle que?

Prise de conscience

Le voyage permet de réaliser (et c’est ce qui est bien) qu’il y a d’autres façons de vivre, et que la nôtre n’est pas la seule et l’unique.
On ouvre alors les yeux, on découvre d’autres modes de vie, on y prend goût, ou alors on se braque face au changement. Dans tous les cas, on n’y est pas indifférent.

Lorsque l’on passe suffisamment de temps dans un autre pays, on compare alors cette nouvelle façon de vivre à celle de la France. Souvent après s’être adapté et avoir adopté de nouvelles habitudes à l’autre bout du monde, on se retrouve bousculé lorsqu’on retourne dans son propre milieu. Il nous faut nous réadapter, à des perceptions qui nous semblent alors dépassées, ou auxquelles on adhère plus du tout!

Les systèmes d’éducation, la culture, les croyances populaires, le monde de l’emploi… sont tant de choses qui se différencient, et donc impliquent de vivre autrement. Le contexte historique du pays impacte également sur la façon de ses habitants d’appréhender la vie.
Alors oui, la prise de conscience et la découverte d’une nouvelle vision peuvent parfois amener à ne plus vouloir retourner en arrière!

Vivre une routine exotique

On part souvent pour fuir inconsciemment une routine, en voyage celle-ci n’a pas le temps de s’installer, mais lorsque l’on décide de réellement vivre ailleurs, de se poser, ce fameux cycle d’habitudes répétées revient. C’est certes diffèrent à l’autre bout du monde, car plus exotique, mais au final, ce cercle peut devenir tout aussi vicieux et ennuyeux que sur ses propres terres, il suffit juste d’un peu de temps…

Enfermé dans son train-train on a tendance à oublier l’essentiel. On finit par s’enfermer dans un mode de vie de robot (métro, boulot, dodo) en arrêtant de profiter des choses importantes, de l’instant présent, de la beauté de la vie, des choses simples et des paysages sublimes qui nous entourent.
Tout finit par sembler banal (même un coucher de soleil sur la plage si, si…) et c’est ça le danger, ne plus savoir apprécier ce que l’on pourrait trouver merveilleux dans un autre contexte!

Lorsqu’on revient de voyage, on se rend souvent compte qu’on n’a finalement jamais fait le tour de son propre pays ou son propre continent. Comme les habitants des pays où l’on a voyagé, qui sont souvent fascinés par tout ce qu’on a vu chez eux, qu’eux-mêmes n’ont jamais pris le temps de visiter, on se sent stupide de toujours vouloir aller ailleurs.
Car oui, on est tous pareils, on pense qu’il faut partir loin pour être dépaysé, alors qu’en fait pas forcément!

Il faut juste être curieux, ne pas se laisser dévorer par son quotidien, savoir apprécier la vie, qui est belle à l’autre bout du monde, mais aussi ici. On fuit souvent une routine pour en construire une autre ailleurs… Ne serions nous pas finalement des éternels insatisfaits?

Nouvelles opportunités

Il est vrai que le voyage, et la vie d’expatrié offre souvent des opportunités qui semblent difficiles à obtenir en France.
Je me demande en fait, si cet aspect ne serait pas un peu biaisé par le fait que nous n’adoptons pas la même attitude à l’étranger que dans notre territoire d’origine.
Peut-être qu’en France on attend que la chance nous tombe dessus, alors qu’à l’étranger, on la provoque. Poussé par la dynamique de la nouveauté et de la découverte, on devient tout à coup plus entreprenant.

J’ai à ce sujet constaté, de retour en France avec une nouvelle mentalité, cette même envie de rencontrer du monde et de redécouvrir ce pays comme si je ne le connaissais pas, que tout un tas d’opportunités se présentent à moi comme par magie.
Je n’ai pas ce souvenir d’avant mon départ, quoique peut être justement lors de ma dernière année, lorsque je savais que j’allais partir et que j’avais déjà développé cette même énergie, bercée par une envie de croquer la vie à pleines dents!

Et si voyager permettait simplement d’ouvrir les yeux plus grand, d’être plus curieux, et de naturellement attirer à soi de belles opportunités!

Déformaté, on s’autorise enfin à sortir des rangs, et on trouve cela géniale! Malheureusement de retour, au lieu de se dire que l’on n’est plus obligé de rester cloisonné derrière toutes ces croyances limitantes, on s’imagine à tort que la seule solution est de s’expatrier…

Or je suis en train de constater aujourd’hui, que riche de ma nouvelle vision du monde, la France m’apparaît sous un œil tout à fait neuf!

Forcément, on ne peut pas tout avoir, chaque pays à ces avantages et ses inconvénients. L’addiction est de goûter à quelque chose de nouveau et d’y prendre goût. Il nous faut alors faire un choix pas souvent facile rester ou repartir, s’installer ailleurs ou revenir?

En vrai, je me demande si ce n’est pas un peu comme en début de relation. Vous savez lorsqu’on est amoureux, que tout est rose et excitant. En gros, le voyage serait un peu la relation passionnelle et fusionnelle, celle qui se vit sans concessions. Celle qui donne lieu à une vie effrénée et haute en couleur, avec des battements de cœur à mille à l’heure et des papillons dans le ventre. De l’autre côté, notre pays de domiciliation, (ou d’adoption, celui où l’on a choisi de construire sa routine) représenterait la relation profonde, alliant désir et raison. C’est une relation simple et calme où l’on sait où l’on va. L’une paraît plus excitante que la seconde, c’est vrai, mais l’une finit souvent par s’essouffler , alors que l’autre s’inscrit dans le temps…

Prendre racine loin des siennes

Le danger est que plus on avance dans sa construction de vie, plus il serra dur de repartir, que ce soit de France ou du pays qui nous a accueilli et où l’on a décidé de se poser pour un temps.

J’ai souvent envisagé de m’installer en Australie tellement je m’y sentais bien. Je crois que cela a toujours fait un peu partie de mes rêves, de vivre ailleurs, d’être mariée à un étranger et d’avoir des enfants bilingues lol, de faire partie de cette grande famille d’expatrié.

Je ne peux cesser de comparer mes deux vies, et ces deux cultures si différentes. Certaines choses, désormais me révoltent en France, mais en parallèle, il y a beaucoup de choses que j’avais oubliées et que j’apprécie de retrouver aujourd’hui.

Alors oui, il y a tout un tas de choses que l’on trouvera mieux à l’étranger et qui nous pousserons à partir et à nous y installer, mais il y a aussi d’autres choses qui nous manqueront alors à vie.

Aussi beau que soit ce nouvel environnement, il est aussi, loin de nos racines, loin des nôtres, et à long terme, c’est quelque chose qui nous manquera. Cet écart culturel qui se fera ressentir, nous donnera sans cesse l’impression d’être un étranger.

Plus le temps va passer, plus il sera difficile de repartir, car peu à peu on ne se sentira plus chez nous dans notre contrée d’origine. Lorsque l’on construit sa vie, sa famille, son réseau, son noyau quelque part, il est difficile d’en partir.

Du coup, c’est se retrouver tiraillé entre deux vies, celle au prés de notre famille abandonnée en France, et celle de notre nouvelle vie à l’étranger. C’est un choix qui porte son lot de conséquences.

Ce sont toutes les réflexions qui on traversées mon esprit lorsque j’ai dû envisager l’expatriation plus sérieusement. Je me suis demandé, pour quelle raison au fond? Parce que c’est une aventure différente? Parce que ça fait de moi une personne unique? Parce que l’Australie m’offre des opportunités que je ne peux pas refuser? Ou bien, parce que vivre en France me déplaît?

Finalement, j’ai réalisé, qu’à part le fait que la vie y était super cool, rien d’assez fort me retenait pour prendre une si lourde décision, celle de vivre aussi loin de mes amis et de ma famille!

Changer son regard

Je me suis alors demandé si je me sentais vraiment malheureuse en France, et vraiment heureuse à l’étranger?

La réponse est qu’aujourd’hui, je me sens heureuse à peu près partout, simplement car je me sens épanouie et bien dans mes baskets, et je pense que c’est ça l’important! Alors oui, c’est le voyage qui m’a aidé à atteindre cet état, et c’est aussi lui qui m’a permis d’ouvrir mes yeux plus grands!

Pour moi l’important aujourd’hui, c’est de parvenir à voir la beauté de ce monde n’importe où, que ce soit du fond de mon jardin un matin d’automne entourée de ma famille que j’aime, qu’à l’autre bout du monde sur une plage paradisiaque entourée de gens extraordinaires rencontrés la veille.

Que ce soit dans une situation compliquée que dans un moment d’extase! Tout paysage, ou toute situation sont beaux et appréciables!
Tout dépend votre manière de les regarder et de les apprécier! Alors entre nous oui, l’eau est bien plus bleue en Nouvelle Calédonie, et l’herbe bien plus verte en Nouvelle Zélande, mais la terre entière est riche et belle!

La vie est une question de perception, c’est à vous de regarder toujours le verre à moitié plein et de faire que votre monde soit intense n’importe où!

Et rien ne vous empêche de ramener un peu de tout ce que vous avez appris en voyageant dans vos bagages, afin de créer l’univers que vous avez aimé où vous le désirez!

Bref peu importe où vous décidez de vivre, tant que vous continuer à vous émerveiller de la vie, toutes les couleurs seront plus intenses!

Free & Love

4 comments

  1. J'ai un avis mitigé sur ton article, simplement parce qu'à mon avis, il faut différencier la vie d'expatrié à celui qui ne fait que voyager tout en gardant résidence à un seul et même endroit. L'approche n'est pas du tout la même. Dans l'un, on se crée une autre routine ailleurs, un emploi, des factures, etc. Pour autant, cette routine dans l'ailleurs est clairement moins pesante (je sais ce qu'il en est, je suis serial expat depuis 7 ans). Dans l'autre, on découvre un lieu dans une liberté totale vis à vis de ce qui flingue un quotidien en France.
    Ma théorie sur le pourquoi du comment le quotidien en France semble pesant au point de faire rêver les gens de vie ailleurs : l'éducation. Alors oui, on a une éducation gratuite et plutôt très correcte. Mais qu'est ce qu'on nous inculque dès le plus jeune âge…? De bien travailler à l'école… pour avoir des bonnes notes et un bon diplôme… pour avoir un bon travail… POUR PRÉPARER LA RETRAITE. Dès le plus jeune âge, on nous conditionne plus ou moins directement à preparer la veille de notre mort. Ouais, je sais, c'est négativement caricaturé mais réfléchis y 2 secondes… Dans aucun des pays où j'ai vécu j'ai eu cette sensation autrement. J'ai vécu, et pleinement profité de ma vie sur place en dépit des éléments routiniers…
    Merci en tout cas pour cette longue réflexion.

  2. J'ai un avis mitigé sur ton article, simplement parce qu'à mon avis, il faut différencier la vie d'expatrié à celui qui ne fait que voyager tout en gardant résidence à un seul et même endroit. L'approche n'est pas du tout la même. Dans l'un, on se crée une autre routine ailleurs, un emploi, des factures, etc. Pour autant, cette routine dans l'ailleurs est clairement moins pesante (je sais ce qu'il en est, je suis serial expat depuis 7 ans). Dans l'autre, on découvre un lieu dans une liberté totale vis à vis de ce qui flingue un quotidien en France.
    Ma théorie sur le pourquoi du comment le quotidien en France semble pesant au point de faire rêver les gens de vie ailleurs : l'éducation. Alors oui, on a une éducation gratuite et plutôt très correcte. Mais qu'est ce qu'on nous inculque dès le plus jeune âge…? De bien travailler à l'école… pour avoir des bonnes notes et un bon diplôme… pour avoir un bon travail… POUR PRÉPARER LA RETRAITE. Dès le plus jeune âge, on nous conditionne plus ou moins directement à preparer la veille de notre mort. Ouais, je sais, c'est négativement caricaturé mais réfléchis y 2 secondes… Dans aucun des pays où j'ai vécu j'ai eu cette sensation autrement. J'ai vécu, et pleinement profité de ma vie sur place en dépit des éléments routiniers…
    Merci en tout cas pour cette longue réflexion.

  3. Merci Jenny pour ton commentaire très intéressant, je comprends ce que tu veux dire, je suis d'ailleurs tout à fait d'accord sur le fait que nous sommes formaté et que notre éducation est remplies de pensées limitantes (j'en parle d'ailleurs beaucoup dans mes articles). Cependant, je pense que c'est la même chose dans n’importe quel pays, les habitants sont eux même formatés, de manière différente certes, par leur culture et leur système d'éducation.
    C'est alors pourquoi ma réflexion est plutôt tournée vers notre mentale, que ce soit en s'expatriant ou en voyageant. Ayant vécu les deux, je mixe un peu effectivement, mais c'est parce que le fait de voyager m'a ouvert les yeux, et me permet de revivre en France avec une toute autre vision. Ayant vu et vécu ce qui se passe ailleurs, je ne me sent plus aujourd'hui limitée par ces croyances inculquées depuis l'enfance.
    Désormais, je ne pense pas que la vie soit mieux ici où ailleurs, je pense que ça dépends surtout de soi-même et de ce qu'on en fait, de sa vie! A bientôt

  4. Merci Jenny pour ton commentaire très intéressant, je comprends ce que tu veux dire, je suis d'ailleurs tout à fait d'accord sur le fait que nous sommes formaté et que notre éducation est remplies de pensées limitantes (j'en parle d'ailleurs beaucoup dans mes articles). Cependant, je pense que c'est la même chose dans n’importe quel pays, les habitants sont eux même formatés, de manière différente certes, par leur culture et leur système d'éducation.
    C'est alors pourquoi ma réflexion est plutôt tournée vers notre mentale, que ce soit en s'expatriant ou en voyageant. Ayant vécu les deux, je mixe un peu effectivement, mais c'est parce que le fait de voyager m'a ouvert les yeux, et me permet de revivre en France avec une toute autre vision. Ayant vu et vécu ce qui se passe ailleurs, je ne me sent plus aujourd'hui limitée par ces croyances inculquées depuis l'enfance.
    Désormais, je ne pense pas que la vie soit mieux ici où ailleurs, je pense que ça dépends surtout de soi-même et de ce qu'on en fait, de sa vie! A bientôt

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